Senestudio : Une architecture qui raconte une histoire
Temps de lecture : 8 minutes

Rédigé par La rédaction / 03 Fév 2025 à 10:46
Afrofeeling: Comme définiriez-vous votre style d’architecture ?
Abdou : Nous cherchons à créer des lieux de vie et de travail propices à l'épanouissement. Des lieux conviviaux qui facilitent les échanges sociaux ou culturels, ça c’est très important. Notre architecture est contextuelle. Elle évolue au fil du temps, en fonction des grands défis urbain, écologique et économique.
Marlène: Le trait commun qui relie toutes nos réalisations, c’est la végétation. Nous recherchons cette présence végétale dans tous nos projets.
La fonctionnalité doit-elle l’emporter sur l’esthétique ?
A: Je ne peux pas imaginer un bâtiment fonctionnel, sans tenir compte de l’esthétique. Je pense que les deux sont indissociables. En tout cas, quand on cherche à créer l'architecture, on essaye de combiner les deux pour un résultat harmonieux, agréable et fonctionnel.
Vous dites que vous créez des espaces de vie. Expliquez-nous cette philosophie.
M: L’idée de promenade architecturale nous tient à coeur. Concevoir des espaces, revient à créer une expérience de vie pour qu'on puisse, au fil de l'expérience du bâtiment, découvrir des angles de vue, des cadrages parfois surprenants.
On travaille avec le contexte extérieur, les plantes, pour créer des ambiances. L'expérience de vie dans un bâtiment, c'est tout ça. Découvrir des espaces et d’un seul coup, on arrive en haut de l’escalier, il y a une double hauteur. On tourne la tête, on voit un alignement de baies, avec un petit patio végétalisé en perspective.
A: Un bâtiment n’est jamais isolé. Il existe toujours dans son environnement. Il nous semble important de connecter le bâtiment à son environnement immédiat et à l’environnement d’une manière générale.
Parlez-nous de vos nouveaux bureaux, où nous nous trouvons actuellement et que vous avez conçus.
A: Dans cet espace-là, (il montre de hautes baies vitrées à l’étage, NDLR) on peut sentir le ciel, savoir quel temps il fait, sentir un peu les activités de la rue. Sentir qu’on est dans la ville aussi. Ce côté urbain est important. On aime se sentir connectés.
M: On a les arbres, les oiseaux, la vie en fait. Cet écran végétal qu’on voit là-bas, donne un côté apaisant, réconfortant. Les oiseaux viennent sur la terrasse et d’une certaine manière, ça nous protège contre les rayons solaires et la chaleur. Le lien est très fort et les arbres remplissent un rôle aussi bien esthétique qu’écologique. Ils nous protègent.
Quelles sont les capacités et les compétences qui font de vous les architectes que vous êtes ?
M: La curiosité. Ce désir d’aller toujours plus loin et de s’adapter à l’évolution du monde qui nous entoure. Il me semble crucial de toujours garder l’oeil ouvert. De rester connecté avec l’évolution des choses, les nouvelles technologies. Garder une âme d’étudiants et se remettre en question constamment, pour pouvoir évoluer et faire évoluer les projets.
A: En tant qu’architectes, on cherche à toucher les gens. Créer des liens avec tout ce qui nous entoure et susciter des émotions dans une pièce où on vit ou travaille. On peut faire un petit clin d’oeil avec la musique. Au-delà de poser une mélodie sur des accords ou de créer des harmonies, il s’agit de susciter des émotions.
Comment se fait-il que peu d'architectes du Sénégal soient impliqués dans les projets d’infrastructure ?
A: Souvent, ces projets d’infrastructures sont des packages qui viennent avec le financement et le projet presque déjà conçu. Que des architectes d’ici s’y impliquent est très important à plusieurs égards, car nous connaissons mieux ce que nous voulons pour notre développement et nous pouvons mieux le définir et le concevoir. On ne demande pas forcément à ce que ce soit nous qui le construisions, mais le définir et le concevoir est très important.
Pourquoi est-ce si important à vos yeux ?
A: D’abord, il est important que nos bureaux soient challengés pour être à un niveau qui permette de répondre aux standards internationaux de ces projets très techniques. Mais aussi, nous comprenons mieux notre environnement, notre culture, la manière dont nous exploitons nos espaces. Cela n’exclut pas d’être ouvert à d’autres expertises, mais il est important que les architectes du Sénégal soient associés à la conception des projets d’infrastructures.
M: En évoluant ici, on a la connaissance du contexte et notamment des spécificités très particulières de notre climat. La forte saison des pluies, le temps très sec parfois, le sable, etc. Cela influence l’orientation du bâtiment, par exemple. Plusieurs approches doivent être prises en compte lors de la conception, pour répondre au contexte particulier du Sénégal.
Quelle est votre vision sur l’urbanisme de Dakar ?
A: Dakar commence à atteindre les proportions d’une agglomération. On aurait besoin d’une image planifiée de la ville. Comment va-t-elle se développer dans les 30 à 50 années à venir ? Pour ça, il faut des stratégies de développement, des infrastructures. Actuellement, Dakar se développe plutôt en poche isolée. Même s’il peut y avoir des projets de bonne volonté par ci, par là, l’idéal serait que tout cela s’inscrive dans une planification bien maîtrisée et bien projetée.
M: La ville, actuellement, manque cruellement d’espaces dédiés aux piétons.
A: L’image d’une ville ne se limite pas aux infrastructures routières. En ville, on devrait pouvoir se déplacer à vélo, à pieds, d’une manière agréable et sécurisée. Ajouter beaucoup d’arbres pour créer de l’ombre.
M.: Des parcs, pour que les enfants puissent s’épanouir et pour faire du sport. Là, on a la Corniche Ouest, ça fait du bien. Même s’il n’y a pas de piste cyclable, ni d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite… c’est déjà très agréable de voir de la végétation. Ça devrait se généraliser sur l’ensemble de la ville.
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