"Chez Amyrel Cosmétique, tout est question d'équilibre et de savoir-faire", explique Aminata Diop, la fondatrice et directrice de l'entreprise qui a vu le jour en 2018, à Dakar. "Tout a commencé dans ma cuisine avec un mixeur, des récipients, un investissement de 3,5 millions F CFA et une vraie volonté que notre savoir-faire traditionnel ", se souvient-elle.

La certification Bio, un atout pour la compétitivité

Cinq ans après son lancement, Amyrel Cosmétique présente une large gamme de produits naturels, fabriqués à partir de matières premières 100% sénégalaises. "Même notre beurre de karité est sénégalais. Il vient de la région de Tambacounda alors que certains l'importent du Mali ou du Burkina et j'ai mes propres formules.

Je n'utilise ni bases lavantes industrielles ni produits chimiques" dit-elle. Parmi les vedettes de la marque, il y a également le margousier (neem), le dattier du désert (soump), le souchet (ndir) ou encore le moringa (nebedaye). "Dès le départ, j'ai misé sur le naturel et maintenant mon objectif est d'obtenir une certification BIO d'Ecocert. Cela nous permettra d'être plus présents et plus compétitifs sur les marchés européens et asiatiques ainsi qu'aux Émirats arabes unis où j'ai constaté un intérêt certain pour nos cosmétiques", ajoute l'entrepreneure autodidacte, qui a participé à l'exposition universelle Dubaï 2020 et au Biofach Vivaness, en Allemagne, en 2022, entre autres manifestations.

 Le coût élevé des contenants, un frein au développement de l'entreprise

 Malgré des résultats encourageants en 2023, avec un chiffre d'affaires attendu de 26 millions F CFA, et un objectif de 75 millions F CFA en 2024, Amyrel rencontre quelques difficultés. Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, sa capacité de production n'est pas un frein à son développement. Le coupable est plutôt le coût des contenants, importés de Chine, qui représente 30% du prix de revient des produits vendus entre 5000 et 10 000 F CFA, en moyenne. Parce qu'il est élevé, la production mensuelle actuelle ne peut pas dépasser 2000 articles pour une gamme de 30 produits différents. En attendant d'avoir une machine de soufflage, Aminata Diop compte bien continuer de promouvoir sa marque avec de nouveaux points de vente au Sénégal. Jusqu'à présent, les achats passent surtout par les réseaux sociaux.

 Le coup de pouce des structures de l'État du Sénégal

 Depuis sa création, Amyrel a pu se développer grâce notamment à des subventions de l'Agence pour le Développement et l'Accompagnement des PME (Adepme), qui lui a octroyé 48 millions F CFA, et du Bureau de Mise à Niveau, avec 11 millions F CFA. Ces fonds lui ont permis, entre autres, d'acquérir du matériel, de s'installer dans des nouveaux locaux d'une superficie de 100m2 environ, de rémunérer les quatre employés permanents, soit une assistante et trois responsables (production, qualité et entretien des installations). La société bénéficie également d'un accompagnement de la DER (Délégation générale à l'emploi rapide des femmes et des jeunes) et d'autres structures nationales et étrangères, comme la coopération allemande (GIZ), ce qui leur permet, à elle et à ses collaborateurs, de suivre régulièrement des formations diverses (marketing, export, etc.).

 Vers la création d'une industrie écolo et bio 100 % sénégalaise

Aujourd'hui, Amyrel est à la recherche d'un financement de 300 millions F CFA pour développer "la première industrie écologique de produits cosmétiques naturels Bio", indique Aminata Diop. Pour réaliser ce projet, l'entreprise a besoin de 2 hectares pour cultiver des plantes (bissap, moringa, etc.), implanter des unités de transformation des matières premières et de production des cosmétiques. L'acquisition d'une machine de soufflage est aussi prévue. Enfin, dans son souci de préserver l'environnement, Amyrel Cosmétique compte utiliser, dans un futur proche, des contenants rechargeables. Le but: réduire les déchets plastiques et protéger l'environnement.