Quelle est la mission de Setalmaa ?

 Aminata Thior : nous voulons  révolutionner le secteur de la beauté en Afrique par l’information, l’éducation et l’accompagnement des acteurs de ce domaine. Si nous réussissons, les consommateurs africains deviendront plus conscients des produits et services qu’ils utilisent. Les marques seront plus transparentes sur la composition de leurs produits et les fournisseurs plus rigoureux sur la qualité de leurs offres. Des investisseurs commenceront à s’intéresser sérieusement à ce secteur et enfin, les pouvoirs publics investiront dans ce domaine. Ainsi, la confiance régnera en maître sur toute la chaine de valeur.

  Quel potentiel représente le marché de la beauté et des cosmétiques en Afrique francophone 

En 2021, il représentait 5 milliards d’euros en Afrique francophone, principalement sur les marchés du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Cameroun. Ce chiffre passera à plus de 9 milliards d’ici 2025, dont 2 milliards d’euros rien que pour le Sénégal. Entre temps, la République Démocratique du Congo, avec ses 80 millions d’habitants, connaitra un marché de la beauté beaucoup plus développé et fera exploser les chiffres sur l’Afrique francophone subsaharienne.

Autre facteur très important: le retour de la Diaspora sur le continent africain. Les Repats, comme on les appelle. Cette cible a du pouvoir d’achat et veut garder les habitudes de consommation qu’elle avait en Occident. Son impact sur le marché sera clairement non négligeable

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ce secteur ?

Par passion du journalisme et des données et aussi par accident. Je suis une ingénieure en télécoms reconvertie dans le journalisme. J’étais partie pour monter un média très focus sur les chiffres et spécialisé dans l’économie de consommation. Mais il a fallu affiner mon projet, ce qui m’a dirigée vers la beauté et les cosmétiques. Ce fut un coup de cœur provoqué par mes découvertes et toutes les questions que cela a déclenché en moi : pourquoi on ne parle pas de ces maquilleuses professionnelles en Afrique qui peuvent gagner le salaire d’un ingénieur IT junior en une journée ? Pourquoi on ne parle pas de tous ces salons de beauté qui génèrent des dizaines de millions de F CFA de chiffre d’affaires et qui créent de l’emploi dans nos pays ? Comment ne pas voir toutes ces nouvelles marques de cosmétiques Made In Africa qui se développent ? Que fait-on des consommatrices africaines qui ont le pouvoir d’achat mais ne trouvent pas assez de choix dans leur pays de résidence ? Pourquoi nos Etats ne s’investissent pas dans ce secteur ?

Me voilà, depuis le 17 juin 2017, avec Setalmaa, plongée dans ce secteur avec une équipe de 10 personnes entre Dakar, Abidjan, Douala et Cotonou. Nous avons la partie média, où nous créons du contenu éducationnel et pédagogique pour le consommateur final. Puis, la partie agence digitale qui accompagne des entreprises de la beauté dans leur communication, leur marketing et leur distribution sur le marché de l’Afrique francophone subsaharienne. L’agence digitale produit aussi des  études sur ce secteur beauté et cosmétiques. 

  Quelle est votre vision pour Setalmaa dans les 3 à 5 années à venir ?

une plateforme incontournable pour s’informer sur le monde de la beauté en Afrique. Cela passera par notre ouverture vers le Maghreb et l’Afrique anglophone, mais aussi par le fait d’initier des discussions inconfortables pour montrer l’impact du domaine de la beauté en Afrique, d’un point de vue économique, mais aussi identitaire et psychologique. Plus tôt nous explorerons la complexité de ce secteur, plus tôt nous verrons la naissance d’un écosystème fort, où l’Afrique deviendra la fabrique du monde en matière de cosmétiques. J’en suis convaincue. Des universités des métiers de la beauté verront le jour dans les capitales africaines, avec des millions d’emplois à la clé. Mais tout cela se prépare maintenant.

                                     

 

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